L'Europe peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale : après l'arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes en Autriche et, peu après, l'annexion des territoires des Sudètes de la Tchécoslovaquie, de nombreux juifs allemands et autrichiens se sont réfugiés à Prague. Lorsque l'agent de change londonien Nicholas Winton (Johnny Flynn) apprend les conditions dans les camps de réfugiés, il s'y rend sans hésiter pour se faire une idée par lui-même. Son plan est d'emmener les enfants, puis leurs parents, en train jusqu'en Angleterre. Mais il se heurte à des résistances non seulement sur place, mais aussi de retour en Angleterre. À Prague, il sait que Doreen Warriner (Romola Garai) et Trevor Chadwick (Alex Sharp), deux collaborateurs du "Comité britannique pour les réfugiés en Tchécoslovaquie", sont de son côté. Chez lui, il peut compter sur sa mère d'origine allemande, Barbara (Helena Bonham Carter). Lorsque la guerre éclate le 1er septembre 1939, le travail de Winton s'arrête du jour au lendemain. Londres 1988 : même 50 ans plus tard, le destin des enfants qu'il a sauvés ne laisse pas Nicholas Winton (aujourd'hui Anthony Hopkins) indifférent. Lorsque sa femme Grete (Lena Olin) lui demande de faire le ménage dans son bureau, le fait de fouiller dans les vieux documents le bouleverse à nouveau intérieurement. Ce n'est que lorsque l'émission de télévision de la BBC "That's Life" s'intéresse à l'opération de sauvetage de l'époque et commence à faire des recherches que Nicholas Winton peut enfin se réconcilier avec son passé.
Préparez vos mouchoirs ! Car la scène décisive vers laquelle se dirige l'intrigue de ce film a tout pour plaire. Il s'agit de la reconstitution d'un épisode de l'émission de la BBC "That's Life", qui s'est réellement déroulée ainsi en 1988. Les producteurs Emile Sherman et Iain Canning ont vu cette fameuse scène où Nicholas Winton (1909-2015) rencontre en direct quelques-uns des enfants auxquels il avait sauvé la vie 50 ans plus tôt, et ont alors décidé de tourner un film sur Winton et son action de sauvetage. Le duo a rencontré Winton avant sa mort. "Il était extrêmement modeste et généreux. Selon lui, le film ne devait pas le glorifier, mais célébrer la façon dont les gens les plus ordinaires peuvent accomplir de grandes choses", se souvient Canning. Avec le drame qu'il a produit avec Emile Sherman, ils réussissent le tour de force de mettre en valeur Winton et ses activités infatigables, sans pour autant en faire un héros rayonnant. Le scénario de Lucinda Coxon et Nick Drake s'appuie sur la biographie "If it's Not Impossible... : The Life of Sir Nicholas Winton". La fille de Winton, Barbara Winton, avait publié la biographie en 2014. Barbara Winton a également participé au scénario du film, mais elle est décédée en 2022, avant la fin du tournage. Le film terminé a sans doute été entièrement dans son intérêt et dans celui de son père. Car même s'il est centré sur Nicholas Winton, incarné par Johnny Flynn en jeune homme et Anthony Hopkins en vieil homme, il met toujours en avant le fait que Winton n'aurait pas pu accomplir tout cela sans l'aide de nombreuses personnes. Doreen Warriner (Romola Garai) et Trevor Chadwick (Alex Sharp) en faisaient partie sur place à Prague. Dans le film, Winton ne se lasse pas de souligner combien ces deux-là avaient plus à perdre et risquaient plus que lui. Et à la maison, à Londres, c'est la mère de Winton, Barbara (Helena Bonham Carter), surnommée "Babi", qui n'a rien à envier à son fils en termes de persévérance et d'obstination, conformément à la devise de ce dernier : "Si quelque chose n'est pas impossible, alors il doit y avoir un moyen . Avec ce drame historique, le réalisateur James Hawes fait ses débuts tardifs au cinéma. Hawes travaille pour la télévision depuis les années 1990 déjà et, outre de nombreux téléfilms, il a surtout travaillé pour des séries télévisées. Ces dernières années, il a surtout signé des divertissements de genre comme "The Alienist", "Black Mirror", "Snowpiercer", "Raised by Wolves" et "Slow Horses". Pour un biopic sur une phase décisive peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, il ne semble donc pas, à première vue, être le premier choix. Mais Hawes s'en sort très bien. "One Life" fait penser à des films comparables sur le plan thématique comme "La liste de Schindler" (1993) de Steven Spielberg ; d'autant plus que Nicholas Winton a parfois été qualifié d'"Oskar Schindler britannique", ce dont il s'est distancié toute sa vie. Hawes ne pourrait cependant pas être plus éloigné de la (sur)esthétisation visuelle de Spielberg, de sa recherche d'effets et de sa manipulation émotionnelle. Malgré toute l'horreur et le désespoir, son drame reste pendant une grande partie aussi silencieux que son protagoniste. Ce n'est qu'à la toute fin que le réalisateur ne peut s'empêcher d'appuyer fortement sur la glande lacrymale. Comme nous l'avons dit au début, préparez vos mouchoirs !
VERDICT
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"One Life" est un drame historique calme sur une époque troublée. Au centre se trouve un protagoniste silencieux et persévérant qui devient un héros sans vouloir l'être. Un biopic émouvant qui, à la toute fin, devient un véritable tire-larmes.