Le cruel empereur Babylos III d'Austradie est toujours à la recherche de l'uradium, le métal miracle. Ce métal se trouve dans des mines situées quelque part près du volcan Urakowa, sur l'archipel des Îles Noires. Le général Robioff, accompagné du capitaine Drago, transfuge et maître espion (qui finalement n'est pas mort après le crash de son avion à la fin du premier album), tente de découvrir le site exact de la découverte. Mais ils ne sont pas les seuls à vouloir mettre la main sur cet uradium. Dans le tome précédent, nous avons déjà pu lire comment la délégation de Norlandie menée par Lord John Calder et Sylvia Hollis avait reçu la "pierre de vie et de mort" des tribus primitives locales du prince Nazca. Pour Nazca et ses disciples, il était particulièrement important de traiter cette pierre d'uradium avec soin et respect. Pour eux, l'uradium est, après tout, la propriété du dieu soleil Puncha Taloc. Lorsque l'uradium est utilisé en combinaison avec le rayon U, il crée une arme apocalyptique particulièrement puissante. Ce serait un désastre si elle tombait entre de mauvaises mains. L'arme ainsi créée agit comme un rayon ultraphonique (on sait enfin d'où vient la lettre 'U') qui peut détruire tous les matériaux avec la précision d'un scalpel aiguisé comme une lame de rasoir. Or, sur les îles noires, un volcan est sur le point d'entrer en éruption, ce qui met le feu aux poudres....

Le voici, la suite tant attendue du Rayon U, l'album qui a toujours été considéré à moitié comme un précurseur de Blake & Mortimer, mais qui n'avait en fait rien à voir avec lui. Il contenait certes les ingrédients nécessaires que Jacobs réutiliserait plus tard dans cette série. Mais elle s'inscrivait bien davantage dans le cadre des bandes dessinées de science-fiction qui sont apparues pendant et après la Seconde Guerre mondiale et qui ont connu un succès fulgurant. Le Rayon U a été prépublié en 1943 dans l'hebdomadaire belge Bravo ! À l'origine, il s'agissait d'une série destinée à remplacer les aventures de Flash Gordon, censurée par les nazis. Elle est ensuite parue en 1974 sous forme d'album, avec un dessin, un texte et une couleur entièrement revus.  Il s'agit donc bien plus d'une tradition, d'un genre de bande dessinée qui s'est lentement éteint sous sa forme ancienne dans les années 1970 et qui a pris des formes très nouvelles. Après tout, la science-fiction n'a jamais disparu, mais a connu des phases très différentes. Alors pourquoi faire une suite à une bande dessinée datant de cette première période, alors que le genre n'est plus très populaire ? Par nostalgie ? Selon le principe : c'est de Jacobs, donc c'est bien ?  D'emblée, l'ouvrage a l'air authentique, comme s'il avait vraiment presque quatre-vingts ans. C'est une suite logique du rayon U en termes de contenu. Les personnages de cette histoire reviennent pour essayer de fabriquer une arme invincible à partir du rayon U. L'empereur le veut pour son armée, le savant sait comment dompter son énorme puissance, les héros sont occupés à aider et à sauver un monde et des gens, cette arme ne les concerne pas. C'est le scénariste Jean Van Hamme (à l'origine de grandes séries comme Largo Winch, XIII et Thorgal) qui en est le responsable. Le travail de dessinateur a été confié à un duo : Christian Cailleaux et Etienne Schréder. Les deux hommes ont déjà travaillé ensemble pour l'album Le Cri du Moloch dans la série régulière Blake et Mortimer en 2020. Leur style de dessin est donc classique et respectueux de la ligne claire. Pour cet album, il l'est encore plus que d'habitude. Ils essaient de rester aussi proches que possible du style de dessin de Jacobs lui-même dans l'histoire originale. Nous avons plus de dialogues (heureusement), plus de personnages féminins (Sylvia et Ica jouent vraiment un rôle plus important cette fois-ci) et un peu plus d'intrigues. Nous avons de nouveau droit à des monstres préhistoriques (oui, les ptérodactyles sont de retour), à des hommes-singes.