Le quatrième volume de la série western Lonesome conclut le cycle narratif de l'histoire jusqu'à présent. Cette fois, nous revenons au personnage d'Elijah qui, avec sa sœur, l'agente de Pinkerton, Miss Lyle, continue de demander justice au sénateur Dawson et, par extension, à Cromley, praticien des arts occultes et disciple dévoué de Lucifer. S’ils veulent vraiment réunir leur famille, ils devront affronter le diable lui-même. L'histoire elle-même cherche seulement à poursuivre le thème et l'intrigue construits dans les volumes précédents. En tant que tel, "Le Territoire du Sorcier" est un livre qui ne fonctionne pas bien s'il est lu isolément. Il faudra donc lire les trois albums précédents pour mieux se plonger dans cette histoire. Et bien que ce quatrième tome termine ce cycle de manière relativement convaincante, il est légèrement en dessous des tomes précédents en terme d'histoire. Yves Swolfs ne parvient pas à nous livrer quelques moments apothéotiques qui rendraient certainement la lecture plus mémorable. Bien sûr, en disant cela, on ne peut s'empêcher d'admettre que Le Territoire du Sorcier est un album qui remplit de manière satisfaisante ses intentions narratives. Une chose que nous avions déjà ressentie dans les albums précédents et que nous sentions encore plus évidente ici était l'utilisation excessive de dialogues trop longs, qui non seulement nécessitaient des bulles qui occupaient trop de vignettes, mais surtout y faisaient moins vraisemblance, dans ce que disent les personnages. Mais la vérité est qu’il s’agit d’une caractéristique des séries de bandes dessinées classiques se déroulant dans le western.

On vous rappelle que cette œuvre d'Yves Swolfs est considérée comme un western qui, sans vergogne, est assez classique dans sa forme, rappelant parfois certains classiques de la bande dessinée du genre, comme Blueberry ou Comanche . Et le résultat de cette recherche d’une approche plus « old school » est que Lonesome est probablement une série qui plaira grandement aux amoureux ayant grandi en regardant des séries similaires. Le revers de la médaille est qu'il me semble que cette série n'a peut-être pas autant d'attrait commercial pour conquérir de nouveaux fans. Comme il y a, par exemple, Undertaker qui, étant un western qui plaît aux personnes plus âgées, possède également plusieurs caractéristiques clés qui servent d'astuces pour plaire à de nouvelles couches du public.  Les dessins de Swolfs conservent la solidité et la qualité déjà présentées dans les trois volumes précédents. Il y a un niveau de détail très équilibré dans chacune des vignettes qui permet de dessiner de manière très réaliste les personnages humains, les animaux, les bâtiments, les forêts, les plaines et tous les scénarios. À ces dessins s'ajoutent les couleurs de Jackie de Gennaro qui contribuent à donner à la série ces tons typiques des séries classiques, où une palette bleue prévaut dans les scènes nocturnes et des tons beaucoup plus jaunâtres dans les moments ensoleillés de la journée. Les scènes d'action sont également assez bien conçues par Swolfs, même s'il me semble que, sur cet aspect, l'auteur s'est davantage inspiré du deuxième et troisième album de Lonesome . Quoi qu'il en soit, en termes de design, le travail de l'auteur est plutôt bon. Il y a aussi une note positive dans la planification diversifiée qui tente de créer une histoire qui pourrait être encore plus mémorable, plus dynamique.