The Song about Green (Midori no Uta) est une série en deux tomes publiée au Japon aux éditions Enterbrain. Lu, passionnée de lecture, quitte sa ville natale côtière pour intégrer l'université à Taipei. Loin du joug familial, elle s'ouvre à une nouvelle vie et rencontre Nanjun, un jeune musicien nippo-taïwanais. Leur passion commune pour la pop culture japonaise, notamment la musique d'Haruomi Hosono et la littérature d'Haruki Murakami, les rapproche. Au fil des semaines, l'assiduité de Lu aux études s'estompe, absorbée par les moments passés avec Nanjun et l'espoir secret d'un rapprochement plus intime. À travers les émotions suscitées par cet art japonais, dans l'atmosphère de la vague pop des années 70, Yan Gao explore avec sensibilité l'éveil au monde et la découverte de l'amour chez une jeune fille.

L'œuvre dégage une sublime tristesse et une nostalgie complexe qui rappellent le cinéma d'auteurs asiatiques tels que Tsai Ming Liang et Hou Hsiao Hsien. Yan Gao nous berce avec l'histoire d'un premier amour véritable, suggéré avec une grande subtilité. L'histoire est pleinement maîtrisée et touche l'âme et le cœur. On suit avec tendresse l'évolution de la relation entre Lu et Nanjun, ainsi que leur propre recherche identitaire. L'influence de la culture japonaise, notamment Murakami et Hosono, est un fil conducteur intéressant et apporte une profondeur mélancolique au récit. Le manga aborde avec justesse les thèmes du premier amour, du passage à l'âge adulte, de la recherche de soi et de l'influence de la culture sur nos émotions. Le trait de Yan Gao est d'une finesse rare, tantôt épuré, tantôt détaillé, servant toujours l'histoire avec justesse. Les décors sont fouillés et les personnages évoluent dans un univers visuellement riche et vivant, notamment lors des scènes de concert ou dans les paysages extérieurs. L'influence du style d'Inio Asano (Solanin) est évidente. La narration visuelle est soignée, immergeant le lecteur au plus près des personnages. Le découpage est pertinent et contribue à la fluidité du récit. Casterman offre un très bel écrin à cette œuvre, avec un grand format, une belle couverture avec jaquettes à rabats et toucher mat, des pages couleurs et une impression précise.