Cassandre est maudite : elle peut prédire l'avenir, mais personne ne croit à ses prédictions. Quand quelqu'un prend enfin au sérieux ses prophéties annonçant la guerre imminente, elle ressent un immense soulagement. Mais si elle avait eu le choix, elle aurait choisi quelqu'un d'autre que la légendaire Hélène… Cassandre ne supporte pas cet étranger qui a transformé sa ville en champ de bataille. Cependant, elle a besoin d'Hélène pour éviter un destin tragique. Et derrière la beauté légendaire d'Hélèbe se cache bien plus qu'elle ne le soupçonnait. Un lien né de la nécessité se transforme bientôt en un lien inattendu entre les deux femmes, un lien que même Cassandre n'avait pas anticipé. Ce conte brûlant d'ennemis devenus amants est une réinterprétation LGBTQ+ de la guerre de Troie pour les adolescents et les adultes de 15 ans et plus.

Imaginez pouvoir empêcher la guerre, mais sans que personne ne vous écoute ? La Malédiction de l'Oracle raconte l'histoire de l'arrogante princesse Cassandre de Troie, convaincue qu'en tant que princesse, la plus belle femme de Troie et prêtresse d'Apollon, elle peut obtenir ce qu'elle veut. Lorsque son frère Pâris, présumé mort, apparaît dans la ville, elle est déterminée à propager une fausse prophétie à son sujet, car elle sait qu'elle s'en est toujours tirée. De plus, elle est convaincue qu'il s'agit d'un imposteur et veut s'en débarrasser au plus vite. Mais dans le temple d'Apollon, elle est surprise par le dieu lui-même, qui lui accorde le don de prophétie et la nomme oracle. Cela a un prix : en échange, elle doit tout lui donner, y compris sa virginité. Et malgré sa détermination à aller jusqu'au bout et à devenir ainsi peut-être la femme la plus puissante du monde, Cassandre refuse de coucher avec Apollon, au grand dam du dieu. Il la maudit, si bien que personne ne croit un seul mot de ses paroles, et bientôt Cassandre est méprisée et taxée de folie. Le pire, c'est qu'elle continue d'avoir des visions et est contrainte de délivrer des prophéties. La Malédiction de l'Oracle est une magnifique réinterprétation de l'histoire mondialement célèbre de la guerre et de la chute de Troie. Bea Fitzgerald semble avoir soigneusement étudié les différentes versions de l'histoire troyenne et les a intégrées à la sienne. C'est une lecture agréable qui met en scène la relation familière d'ennemi à amante, mais spécialement conçue pour les femmes qui aiment les femmes. Et le livre est admirable : la relation lesbienne entre Cassandre et Hélène s'épanouit grâce à la compréhension, l'attirance et l'amitié. Le livre est divisé en trois parties, racontées du point de vue de Cassandre et d'Hélène de Troie. Hélène, la plus belle femme de l'histoire, a déjà beaucoup souffert. Son hostilité envers Cassandre – dont Cassandre est elle-même responsable – crée une dynamique palpitante dès le début du récit. La transition vers la coopération réticente, la reconnaissance, la compréhension, et finalement l'amitié et l'amour est magnifiquement orchestrée.

Outre l'amour, un thème clé est le pouvoir des femmes. Personne ne croit Cassandre lorsqu'Apollon la maudit, mais elle y était déjà habituée. Le livre aborde les thèmes de l'oppression féminine, de la misogynie et des préjugés envers les femmes qui les conduisent à ne pas être prises au sérieux, à être objectifiées, voire à être sous-estimées. Au fur et à mesure qu'on avançait dans l'histoire, le rythme s'accélérait. L'auteure fait monter la tension sans cesse ; juste au moment où l'on pensait que tout allait bien tourner, une divinité intervient et tout devient encore pire. Cela est en harmonie avec les dieux grecs classiques, qui n'ont pas l'habitude qu'on leur dise non et qui trouvent exaltant que les mortels tentent de les surpasser. L'évolution du personnage de Cassandre est des plus claires : d'une princesse égocentrique, elle évolue vers une personne qui ne se donne plus la priorité. Elle découvre sa propre forme d'amour et trouve quelqu'un qui lui correspond, sans pour autant perdre son essence profonde. Être intime avec un dieu, ou avec n'importe quel homme d'ailleurs, n'est pas envisageable pour elle. Et c'est ce qui rend le livre si spécial, car l'asexualité est un élément moteur de l'histoire. Par moments, nous avons eu peur que Cassandre cède, mais il est clair que l'auteure s'est inspirée de sa propre expérience pour cette histoire. La persévérance de Cassandre, mais aussi ses doutes et sa colère envers elle-même – car d'autres réussissent, et à quoi bon ? – sont réalistes et puissamment écrits.