Ce fut l'expédition la plus ambitieuse du Siècle des Lumières: Le 1er août 1785, deux frégates de la Marine Royale quittent le port de Brest pour explorer le Pacifique, de l'Alaska à l'Australie, de l'Asie à l'Amérique. L'aventure prend un bon départ et sous la direction de Lapérouse, les cales à cargaison sont remplies de plantes et de minéraux exotiques et les journaux de bord contiennent des observations perspicaces. Après avoir atteint l'Australie, les navires ont voulu continuer vers les îles Salomon. Mais en juin 1788, une violente tempête propulse les deux frégates Astrolabe et Boussole, sous le commandement du comte de Lapérouse, contre les récifs d'une île inconnue. Alors que la Boussole a coulé, l'Astrolabe a été gravement endommagé au large des côtes. L'équipage survivant a ainsi suffisamment de temps pour dégager le navire avant qu'il ne se disloque pour établir son campement sur la rive. Personne ne soupçonne qu'il y a aussi des survivants du naufrage de la Boussole. Sous la direction du lieutenant Collinet, un trio se fraie un chemin à travers la jungle infranchissable à la recherche d'autres naufragés et dans l'espoir de trouver l'Astrolabe. Toujours menacés par les indigènes, qui sont identifiés comme de prétendus chasseurs de têtes. Dans le camp sur la plage, ils commencent à construire un petit radeau pour pouvoir quitter l'île. L'or qui se trouvait sur l'Astrolabe est censé être enterré aussi longtemps qu'il le faut, mais suscite des désirs chez les simples marins. Et lorsque le botaniste Prévost quitte secrètement le camp, des événements se déclenchent qui aggravent la situation déjà précaire des survivants...

Les deux navires ont longtemps été portés disparus. Ce n'est que des décennies plus tard que les autochtones de l'île Vanikoro ont trouvé des objets provenant des navires et de leur équipage. Et de nouveau, beaucoup plus tard, les épaves des deux navires en ruines ont été trouvées et identifiées et l'emplacement exact du camp a été déterminé. On peut supposer qu'une tempête a effectivement été le déclencheur de ce naufrage monumental. Le sort de l'expédition a également laissé des traces dans les traditions orales des indigènes, qui - comme la légendaire et tout aussi ratée expédition de Franklin près de 60 ans plus tard - ont été transmises de génération en génération. Patrick Prugne, connu principalement pour ses récits indiens cohérents et denses en atmosphère des premiers jours des pionniers de l'Amérique tourne maintenant une histoire à partir des restes trouvés de l'expédition et des traditions orales, qui décrit un destin possible des équipages du navire. Une fiction basée sur des faits maigres et peu nombreux. Mais à partir de là, le lecteur suit alternativement la lutte des trois survivants de la Boussole, qui se frayent un chemin à travers l'île dangereuse et envahie par la végétation, soi-disant en direction de l'Astrolabe en attente, et de leur "équipage restant", qui atteint un campement d'urgence temporaire, avec des palissades comme protection contre les "sauvages". Comme dans les albums indiens de Prugnes, ici aussi une culture rencontre une autre de front - mais cette fois-ci involontairement. De manière significative, même au milieu de difficultés extrêmes, l'avidité pour l'or devient un thème majeur. Un protagoniste, ou même un véritable héros, ne peut être identifié dans l'histoire. Les changements non commentés de lieu de l'intrigue et la similarité des personnages provoquent d'abord une certaine confusion. Ce n'est qu'à la fin que nous apprenons l'identité du narrateur en coulisse. Et trop peu de place est accordée à la figure idiosyncrasique et sympathique du botaniste Prévost, qui est le seul à sembler comprendre la nature des indigènes. Néanmoins, grâce à quelques petites astuces, Prugne parvient à relier les fils narratifs et à créer ainsi une intrigue cohérente. Dessinant comme d'habitude, il présente de merveilleuses aquarelles aux couleurs douces et en même temps vives et d'un haut niveau artistique, en partie aussi dans de grandes vues au cinémascope, comme on les connaît des films de pirates classiques. Un résumé de la recherche scientifique sur le lieu de l'expédition et une section de croquis détaillés, commentés par Prugne, concluent le volume.