Il y a d'abord eu la rouille. Tout le métal s'est lentement pulvérisé. Bientôt, le monde s'est arrêté et nous avons été catapultés à l'âge de pierre. Pas grand-chose, pensez-vous, car nous pourrions reconstruire notre propre histoire connue. Rien de cela. Puis la rouille a attaqué le peuple. Presque tout le monde a muté en monstres à moitié ou entiers. Certains ont acquis des pouvoirs qui étaient auparavant impossibles. D'autres sont devenus des créatures chétives et défigurées. Mais tous recherchent ceux qui ont le pouvoir suprême, celui de concevoir ou de donner naissance à des bébés normaux. Parce qu'eux seuls peuvent sauver l'humanité de l'extinction. La chasse aux personnes en bonne santé, le nouvel or, est lancée. Un homme se sent parfaitement à l'aise dans ce monde post-apocalyptique : le Convoyeur. Il n'a qu'une mission dans sa vie. Vous lui demandez quelque chose et il l'exécute. Toujours. Son prix est bizarre. Il vous demande juste d'avaler une sorte d'œuf bleu. C'est tout. Dans cette deuxième partie, le Convoyeur a pour mission de libérer le prétendant au trône de la Cité des Mille Flèches et de le rendre à son père. Mais hélas, ce brave guerrier est déjà mort lorsque le Convoyeur le retrouve. Il ne peut que livrer la tête coupée du fils au Duc d'Arcasso. Le Duc est furieux et fait enfermer le Convoyeur. Cependant, ce dernier est accompagné d'une créature ressemblant à un lézard. Cette créature libère le Convoyeur, mais sur ordre du Duc, qui l'amène secrètement à une orgie, où il tente personnellement de féconder des femmes fertiles. On soupçonne que le Convoyeur joue un rôle dans ce domaine. Drogué comme il l'est, il se laisse déshabiller en public dans la maison close. C'est là que l'horrible vérité sur le Convoyeur est révélée. Mais avant que le Duc ne puisse faire quoi que ce soit, le Convoyeur est à nouveau libéré, et cette fois pour de bon. Une guerrière, la mystérieuse Chasseresse qu'il avait épargné quelques temps plus tôt, réussit à le faire sortir de la ville. Une fois dehors, elle libère le Convoyeur pour la deuxième fois, mais cette fois d'une manière différente !

Pour une fois, nous avons décidé de ne pas révéler grand chose sur le contenu de la deuxième partie. Cela n'a aucun sens après tout. Après tout, le scénariste Tristan Roulot (Hedge Fund, Irons ,...) a créé un monde dans lequel il faut être impliqué dès le départ. Et ce monde en vaut vraiment la peine. Une fois lancée, vous vous retrouverez dans une bande dessinée qui balance entre Snow , Thorgal et Jeremiah. Bizarre, mystique et excessivement violente. D'ailleurs, c'est magnifiquement dépeint par Dimitri Armand. Ses dessins sont féroces, à la limite de l'agressivité, mais en même temps très lisibles. Grâce à l'excentrique Convoyeur, vous êtes vraiment absorbés dans ce nouveau monde étrange. C'est cruellement bon. Pourtant, dans leur préface, Roulot et Armand remercient chaleureusement les libraires, les journalistes et surtout les lecteurs qui croient fermement en leur travail. Ont-ils seulement obtenu un contrat pour une partie ? Ou tout au plus pour un triptyque ? Cela pourrait expliquer pourquoi ils révèlent le secret du Convoyeur déjà dans cette deuxième partie. De plus, ils ont choisi de raconter une histoire linéaire au lieu de libérer lentement quelque chose à travers les techniques d'histoire sinueuses bien connues. Nous n'avions pas encore vraiment besoin de ce dévoilement. Mais autre chose est sûr : nous sommes loin d'en avoir fini avec le Convoyeur. Quel final !