Emprisonnée un 14 juillet, Arlette est libérée en plein hiver avec ses habits d’été, dans un Paris occupé et sous couvre-feu. Elle va rencontrer Anna, juive et magicienne, dans un cabaret sordide, obligée de fuir après avoir été dénoncée. Tout les sépare : leur passé, leur classe sociale, leur caractère. L’une recherche son ancien amant pour qui elle a fait de la prison, l’autre cherche à échapper aux allemands. Elles finissent par s’entraider.

Avec Arlette et Anna, on plonge dans Paris la nuit sous l’occupation avec ses personnages interlopes, ses cabarets miteux et ses bars clandestins. Les salauds ne sont jamais loin, simples minables ou véritables ordures collaborant sans vergogne avec l’occupant. Les pages défilent comme dans un film... normal avec le réalisateur Patrice Leconte comme co-scénariste ! On recherche donc des références cinématographiques. Deux femmes errant la nuit dans la ville ? La traversée de Paris ! Un personnage qui regarde passer les jambes des femmes à travers le soupirail de sa cave ? L’homme qui aimait les femmes de Truffaut ! Et n’oublions pas le dessin de Coutelis. Ses aquarelles et son trait noir parfois épais, toujours précis, rendent parfaitement l’atmosphère sombre et tendue d’un Paris occupé. On retrouve l’esthétique et l’ambiance des années 50 jusque dans la couverture digne d’un film de l’époque. A noter certains visages, détaillés et angoissants, que l’on croirait sortis tout droit d’un Moebius ou d’un album des Méta Barons. Bel hommage au cinéma d’après-guerre, à Modiano et à Marcel Aymé, on se laisse agréablement porter par l’histoire de ces femmes dans la sombre nuit parisienne. Le tome deux nous dira si le film se termine en drame comme dans un Clouzot ou en comédie.