Roodhaven, 1930. Un gigantesque crustacé s'échoue sur la plage d'un village de baleiniers autrefois prospère. Ce crabe géant est en partie constitué de métal et de bois, tel un pirate ayant connu une avarie en mer. Les pêcheurs reconnaissent la tôle du Golden Licorn, un baleiner englouti par les eaux il y a vingt ans de cela, dans des circonstances inexpliquées. La rancune est tenace et les esprits vont commencer à s'échauffer d'autant qu'un scientifique, John Greyford, débarque sans connaitre les codes de la vie à Roodhaven et va essayer de tout bousculer. Le jeune chercheur va essayer de défendre la créature, au nom de la science bien sur. Et puis une mystérieuse jeune fille fait son apparition, Aquarica. Celle ci a voyagé à bord de la bête et désigne Greyford comme sauveur potentiel de son peuple. Les personnages sont assez ambigus et on ressent le poids d'un lourd secret tout au long de ce volume, ce qui mène à un final explosif.

L'intrigue est relancée pour nous tenir en haleine jusqu'à l'épilogue. La façon dont les gens pensent nous est parfaitement retranscrite, leur agacement, leurs espoirs aussi et bien évidemment leurs craintes. L'histoire est dépaysante et mystérieuse grâce à un solide scénario dévoilant son articulation avec progressivité et un point de départ très original qui s'ouvre sur un récit maritime aux multiples rebondissements. Le dessin de Benoit Sokal est très plaisant avec une galerie de protagonistes très réussis, notamment un groupe de vieux loups de mer revanchards et brutaux, portés par un désir de vengeance ruminés depuis de longues années. Cette ambiance obscure trouve un parfait contre-point grâce à la relation formée par le duo principal. Les auteurs nous font voyager et le second tome viendra clôturer cet odyssée fantastique l'an prochain.