Scénario : Frédéric Maffre
Dessin : Julien Maffre
Couleurs : Laure Durandelle
Résumé : 1856, dans la petite ville de Morrison, le conseil municipal délibère dans la salle d'école sur les affaires courantes et notamment sur le renouvellement du contrat du croque-mort – Stern – dont la place est remise en question. Mais très vite, la réunion est perturbée par la présence en ville d'une fine gâchette, Colorado Cobb, venu... dédicacer son livre de mémoires intitulé « Guns & Women » ! Un nouvel épisode complet de Stern absolument irrésistible...
Quelle maestria ! Cet épisode de Stern parvient à fusionner des classiques du western comme "Le Train Siflera Trois Fois" (Fred Zinneman) et "Le Dernier des Géants" (Don Siegel) pour une partie de l’intrigue, avec "Règlements de Comptes à OK Coral" (John Sturges) pour les scènes d’action et "Johnny Guitare" (Nicolas Ray) pour l’aspect psychologique des protagonistes. Stern anti-héros pacifique (et non pacifiste), philosophe à ses heures, se fait entraîner dans une histoire qui ne le concerne pas pour un livre. Car ce croque-mort au front dégarni n’est pas un adepte de la violence parfois malsaine comme son distingué confrère Undertaker , ni un représentant ectoplasmique de la loi (Marshall Bass ). Dans cet épisode, tout dégénère à cause du contenu d'un ouvrage littéraire ! Quand on vous dit que s'instruire est dangereux et qu'il préférable de s'informer sur un site qui ose mettre le mot livre (en anglais) à la fin de son nom ! A l’heure des infox massives, le message de Frédéric Maffre prend une certaine saveur. Le récit démarre pourtant sur un rythme très lent, voire mou. La psyché des personnages se dévoile doucement au gré des scènes. Aucun n’est caricatural. Chacun possède sa place, ses enjeux, son propre arc narratif avec développement et conclusion. La tension monte peu à peu pour évidemment finir par exploser. Magnifiquement dessiné par Julien Maffre, qui s’est surpassé dans les scènes d’action, épiques, intenses et bluffantes qui parcourent au moins un tiers de l’album. Elles immergent le lecteur effrayé qui a l’impression d’être au cœur de la bataille pendant que ça défouraille dans tous les sens autour de lui. La bataille, ainsi que les scènes de nuit, sont renforcées par l’intensité et la beauté des couleurs adaptées à chaque situation.
VERDICT
-
Un modèle du genre. Loin des westerns hollywoodiens, le scénario explore façon Tarantino le basculement inexorable dans la violence.