Après la précédente aventure dans la cité sous-marine de Korallion, Spirou semble avoir de sérieux problèmes. Ce n'est pas trop grave dans la mesure où il n'est pas mort, comme le laissait entendre le titre La mort de Spirou. Il a cependant été admis dans un laboratoire où l'on fait des tests sur les gens et où on les met dans un état hallucinatoire, leur faisant croire qu'ils sont ailleurs que ce qu'ils sont. Certains se retrouvent même à une autre époque, comme Spirou qui se retrouve à Bruxelles lors de l'exposition universelle de 1958. Fantasio, quant à lui, sait que Spirou est sous l'emprise de cette illusion et tente non seulement de l'en sortir, mais aussi, avec la colle de fer, de mettre fin d'un seul coup à toute l'expérience. Korallion est en partie responsable de cette situation, mais l'ordinateur principal l'est aussi.  Sa mémoire ne peut plus gérer la surcharge d'entrées et commence à se dérégler. De nombreux bugs conquièrent la mémoire interne de l'ordinateur ... qui n'est autre qu'une vieille connaissance de Spirou. La journaliste Seccotine tente à distance de pirater l'ordinateur pour briser l'état d'hypnose dans lequel se trouvent Spirou et Fantasio.   C'est ainsi que les temps et les héros s'entremêlent, que Fantasio se retrouve plusieurs fois dans le passé et que le comte de Champignac aide, en partie sans le vouloir, à démêler ce nœud apparemment inextricable.

Bien sûr, Spirou n'était pas réellement mort après le cliffhanger de la partie 56. Il se réveille en 1958, au milieu de l'histoire "Spirou et les hommes-bulles" (tome 17), dessinée par André Franquin. Ainsi, toutes les aventures qu'il a vécues par la suite sont des chimères, et la ville sous-marine de Korallion n'a jamais existé. Spirou revit ses heures de gloire l'année de l'Exposition universelle de Bruxelles. Dans cette exposition, on voit l'avenir tel qu'il était alors imaginé... Mais Spirou sait que l'avenir sera très différent, car il l'a déjà vu en rêve. Alors que Fantasio se comporte de plus en plus étrangement, le doute s'installe également chez Spirou. Des anguilles de marais parlantes, des limules géantes, un ordinateur fongique et Marilyn Monroe en cyborg géant... Comment peut-on imaginer quelque chose comme ça ? Le scénario est complètement fou. L'album présente de nombreux autres personnages du catalogue Dupuis lors d'une fête (virtuelle) au château de Champignac, parmi lesquels Lucky Luke, Jérôme K. Jérôme Bloche, Tif et Tondu, Billy the Cat, Kid Paddle, les Schtroumpfs, Gaston Lagaffe, Théodore Poussin, etc. A l'origine, le titre en français devait être La Nostalgie du Futur, mais les auteurs savaient déjà qu'ils faisaient trop référence à l'album Future Nostalgia de la chanteuse Dua Lipa . Cependant, le titre est dérivé du concept d'une série de podcasts que Benjamin Abitan a publié en 2016 avec des histoires de science-fiction sous le titre La Préhistoire du Futur. Cette deuxième partie d'une aventure passionnante à l'ancienne des deux héros de bande dessinée s'achève une fois de plus en apothéose. Si le laboratoire d'expériences spéciales sur les humains a été démantelé, Zorglub est toujours dans une capsule et peut survivre, ce qui entraînera alors sans doute de nouvelles complications. En tout cas, le scénario et le dessin de cet album sont au top et donc loin d'être la fin de la série Spirou. Nous verrons bien, il y aura au moins un autre tome à venir, mais ces créateurs savent moderniser et faire vivre un classique de la bande dessinée.